Discours du Président (à l'occasion de son élection à la tête de l'association des Anciens Combattants de Langlade en 1999)
Aujourd'hui, nous sommes à la charnière de deux visions de l'avenir, celle de la Nation ou celle de l'Europe.
Nos Rois, Empereurs et Chefs d'Etat, nos philosophes, poètes et écrivains, nos soldats, ont créé au fil des siècle une entité, la Nation Française, qui a justifié pour sa défense les plus grands sacrifices de nos anciens.
Les anciens combattants se situent dans la Nation. Ils ont combattu pour défendre son histoire, sa culture et ses singularités. Ils sont présents pour entretenir la mémoire de ceux qui dans le passé ont accepté de faire le sacrifice de leur vie pour qu'elle survive, libre et indépendante.
C'est à travers ce culte du souvenir, au moyen des manifestations patriotiques, que les messages concernant le devoir de mémoire, dans le strict respect de la vérité historique, est transmis aux citoyens.
L'idée de l'Europe en tant que grande entité est quelque chose de si vague actuellement qu'elle ne justifiera avant longtemps l'adhésion, à la défense d'une civilisation, au prix de dévouements extrêmes. J'imagine que le combattant actuel doit avoir beaucoup de mal à se situer. Est-il le soldat de son peuple ou est-il le technicien auquel on fait appel pour régler ici ou là, dans un monde d'agitation permanente, hétéroclite, les problèmes politiques.
Nous sommes donc dans une période de longue transition avant qu'une nouvelle entité remplace l'idée de Nation, si celle-ci doit être remplacée un jour. Dans le même temps les témoins de l'histoire du siècle précédent disparaissent. Le service national n'existant plus le cordon ombilical qui liait l'armée au pays est coupé, la défense n'est plus l'affaire de tous les citoyens. Ainsi dans un monde incertain, l'idée de Nation se désagrège, devient de moins en moins impérieuse.
Par ailleurs le monde des anciens combattants survit, avec des effectifs qui se réduisent comme peau de chagrin. Si nous n'y prenons garde, bientôt il ne sera plus représenté que par ses présidents, Don Quichotte, que la société regardera avec une certaine condescendance.
Mais quel doit être le rôle des Anciens Combattants ?
Et bien, même si je dois heurter des idées convenues, je prétends que ces associations doivent s'ouvrir désormais aux générations plus jeunes, anciens militaires et anciens du service national et à tous les sympathisants.
C'est à ce prix et seulement à ce prix, que le message d'attachement à la patrie perdurera, par le souvenir entretenu, des sacrifices de ceux qui, de 1914 à 1918 ont combattu dans les tranchées, qui de 1939 à 1945 sont morts au combat, dans les maquis ou dans les camps de concentration, ceux en Indochine, en Afrique du Nord, et ailleurs, qui ont pour une dernière fois fermé les yeux en servant leur pays, avec pour dernière image un paysage de France.
En conclusion le monde des Anciens Combattants doit s'impliquer davantage dans la vie sociale et faire appel à toutes les bonnes volontés pour rappeler que la France, à une époque, à eu une mission civilisatrice dont l'histoire doit se souvenir et qu'elle doit rester une nation souveraine dans un monde uni.
