PAR LE SANG VERSE!

Si la colonisation a, selon des esprits chagrins, rien eu de positif, au moins elle a tissé des liens indéfectibles entre nos anciens camarades tirailleurs sénégalais et les soldats qui ont combattu à leurs côtés, et aussi avec ceux des générations suivantes. C'est la constatation faite aux cérémonies de Bazeilles le 31 août à Fréjus.

C'est ainsi que lorsque notre petit groupe a visité le Musée des Troupes de Marine, il s'est retrouvé au milieu d'un grand nombre d'anciens combattants africains, la plupart dans la tenue traditionnelle de leur pays, arborant fièrement leurs décorations. En effet notre fédération avait invité plus d'une centaine d'anciens tirailleurs, citoyens de nos colonies devenues indépendantes.

J'ai eu l'occasion d'avoir une longue discussion avec l'un deux, décoré de la Légion d'Honneur et titulaire de plusieurs citations. Gravement blessé au cours des combats de la seconde guerre mondiale, fièrement il m'a présenté sa carte d'appartenance aux "gueules cassées". Il m'a parlé de ses anciens chefs avec une grande admiration et je devinais dans tout son comportement une grande dignité et, surtout, l'immense fierté d'avoir servi la France.

Dans le discours que j'ai tenu en préambule de notre cérémonie de Bazeilles, le 8 septembre à Nîmes, je pensais fortement à cet homme et à tous les autres qui m'entouraient à ce moment et qui avaient trouvé un interlocuteurs parmi les plus jeunes générations de l'Arme.

Si ces hommes ont été rejetés de la mémoire collective au lendemain des indépendances africaines en 1959 et 1960, le devoir des anciens coloniaux est d'entretenir leur mémoire chaque fois que les circonstances s'y prêtent, ne serait-ce que pour leur faire obtenir réparation pour les souffrances endurées au service de la France. Je fais allusion à la décristalisation de leurs pensions de retraite.

En conclusion, je dirais seulement que nos anciens camarades africains ont droit à infiniment de respect. C'est pour cela que dans toute la France il leur a été rendu hommage au cours des commémorations des combats de Bazeilles. Ils n'ont pas oublié, ne les oublions pas.