Faut-il un débat sur l’identité nationale ?

Pépé, à quoi ça sert d’être français ?

C'est par cette interrogation d'une adolescente de 14 ans à son grand père que j’ouvrirai mon propos.

Peut-on reprocher à l'éducation nationale et aux parents d'avoir négligé dans les programmes d'enseignement ou dans le domaine de l'éducation cet aspect important de l'attachement à la Nation ? Je ne le pense pas, car il est difficile d'y voir clair dans le contexte politique et social actuel : en effet il faudrait savoir, entre autres questions, quel est le rapport du citoyen français à l'Europe et en quoi l'immigration dans notre pays a profondément modifié la société.

Aujourd'hui, nous sommes à la charnière de deux visions de l'avenir, celle de la Nation ou celle de l'Europe.

Nos Rois, Empereurs et Chefs d'Etat, nos philosophes, poètes et écrivains, nos soldats, ont créé au fil des siècles une entité, la Nation Française, qui a souvent justifié pour sa défense les plus grands sacrifices.

Les générations précédentes se situent dans la Nation, elles ont combattu pour défendre son histoire, sa culture et ses singularités, les libertés et l’indépendance du pays. C’est en leur nom que l’on commémore les grands événements de l'histoire, pour se souvenir des sacrifices qu’elles ont consentis. C'est ce culte du souvenir qui renforce l'attachement à la Nation.

L'idée de l'Europe en tant que grande entité est quelque chose de si vague, actuellement, qu'elle ne justifiera avant longtemps l'adhésion à la défense d'une civilisation, au prix de dévouements extrêmes. J'imagine que les nouvelles générations doivent avoir beaucoup de mal à se situer. Sont-elles citoyennes de la France ou de l'Europe ?

Nous sommes donc dans une période de longue transition avant qu'une nouvelle entité  remplace l'idée de Nation, si celle-ci doit être remplacée un jour. Dans le même temps, les témoins de l'histoire du siècle précédent disparaissent. Le service national n'existant plus, le cordon ombilical qui liait la jeunesse au pays est coupé. Ainsi dans un monde incertain, l'idée de Nation se désagrège, devient de moins en moins impérieuse.

Il y a un siècle, la population française était en grande majorité paysanne et attachée à sa terre. Depuis notre société a changé. Outre les deux grandes guerres, il y a eu celles  des  décolonisations qui ont entraîné dans notre pays une immigration : de conjoncture et de noria qu’elle était au paravent, elle est devenue de peuplement maintenant. La France est aujourd’hui un pays multiculturel et multiracial dans lequel  les particularismes ont entrainé des communautarismes difficilement acceptables.

Notre jeunesse est sans boussole. Ses agitations, ses excès témoignent d’une recherche d’identité. Petit poisson dans un océan de prédateurs, elle est à la merci de toutes les dérives.

On ne peut, à mon avis,  faire l’impasse sur un débat concernant l’identité nationale.