Les cérémonies du 5 décembre sont proches. Que signifient-elles? Pourquoi le choix de ce jour pour honorer les morts pour la France pendant la guerre d'Algérie et les combats du Maroc et de la Tunisie?

Cette date a été décrétée le 26 septembre 2003 par le gouvernement français, après l'inauguration par le Président de la République du mémorial à la mémoire des Morts en Algérie et en Afrique du Nord, érigé quai Branly à Paris.

Auparavant deux moments, le 16 octobre et le 19 mars, avaient été préférés par les associations d'anciens combattants et s'opposent quant à leur signification.

Le 16 octobre 1977, le Chef de l'Etat présidait au cours d'une émouvante cérémonie, à l'inhumation du soldat inconnu rapatrié d'Algérie, dans la nécropole de Notre Dame de Lorette, parmi les tombes des soldats tués durant les deux guerres mondiales et les déportés de la seconde. Dans un même élan la majorité des associations décidait alors que ce jour serait jour de recueillement pour honorer chaque année les combattants morts en Afrique du Nord.

Une association d'anciens combattant créée en 1958 en pleine guerre d'Algérie, modifiant ses statuts à la fin de celle-ci, écrivait dans l'article concernant les buts, "agir en faveur de la paix en commémorant la date du 19 mars,cessez-le-feu ayant mis fin officielement à la guerre d'Algérie".

Pour la grande majorité des associations d'anciens combattants cette seule phrase porte en elle toutes les infamies.

D'abord, la guerre d'Algérie ne s'est pas terminée le 19 mars 1962, date des accords d'Evian, et ni même après celle de l'indépendance le 4 juillet suivant. En effet, de 1962 à 1964 il y a eu plus de victimes civiles et militairesdu fait du Front de Libération Nationale (FLN) que durant la période précédente. Seule la France a respecté l'article 2 des accords en cessant toute activité militaire.

Ensuite, c'est la manière dont les crimes les plus barbares ont été commis par le FLN dès le lendemain des accords d'Evian : 150 000 harkis ont été assassinés dans des conditions atroces, parfois sous le regard des unités françaises l'arme au pied; 5 000 pied-noirs ont subi le même sort et parmis eux, la Croix Rouge a dénombré autant de disparus sans laisser de traces. Et il serait odieux d'oublier la population arabe pro française et le million de pied-noirs pour lesquels cette fin honteuse de la guerre d'Algérie les condamnait à choisir entre "la valise ou le cercueil".

Mais aussi, il faut se souvenir des porteurs de valises, ces passeurs, via la Suisse, qui apportaient leur contribution au combat du FLN en lui transmettant des fonds collectés sous la menace en France, ainsi que des explosifs et des armes. Ces personnes se trouvent désormais absoutes de leurs crimes en honorant cette date qui les conforte dans leur combat pour la paix, contre leur pays. Combien de soldats français ont été tués par les armes achetées par des traitres?

D'autre part, jamais dans notre histoire, la France victorieuse sur le terrain, n'a célébré un cessez-le-feu fondé sur un échec diplomatique devenu en outre la fête de l'indépendance de ses anciens adversaires. La tradition en France est de célébrer des victoires ou des actes exemplaires de bravoure.

Enfin, une dernière remarque qui a son importance : trois Présidents de la Républiques ont refusé d'homologuer la date du 19 mars 1962 : Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterand et Nicolas Sarkozy; et une idée qui fait son chemin : les Morts pour la Frace pourraient être honorés à une même date qui serait le 11 Novembre.

En conclusion, ce prochain 5 décembre soyons nombreux pour honorer la mémoire de nos Morts en Afrique du Nord.

Jacques ROIGNOT