GUERRES PROPRES, GUERRES SALES

 

Le sujet est particulièrement délicat. Le titre interpelle. Il est un fait, l'opinion publique fait la différence entre les combattants des deux grandes guerres et ceux des guerres d'Indochine et d'Algérie. Il y a infiniment de respect pour les premiers, à juste titre, quant aux seconds ce sont des soldats perdus.

En 1939 et 1940, appelés ou engagés sont partis, pour défendre la patrie, leurs villes et villages, contre l'envahisseur ou les tenants du fascisme. Il n'y a pas de causes plus justes. C'est pour cela que beaucoup ont accepté le sacrifice de leur vie. Leurs noms sont gravés a jamais sur les monuments aux morts. Leur exemple est cité dans les manuels scolaires.

En 1945 et 1954, des hommes se sont engagés pour défendre "l'Empire" que des enseignants, imprégnés des idées de Jules Ferry, leur avaient décrit avec une certaine fierté alors qu'ils usaient leurs fonds de culotte sur les bancs de l'école. Pour eux aussi la cause était juste. Ils se sont battuscomme en 1914, comme en 1940. Ils sont morts loin de leur pays avec peut-être pour dernière image un ciel de France.

Les politiques pleins de certitudes les ont soutenus jusqu'au moment où la situation se détériorant, à la dérive, ils ont du faire face à une opinion publique pour laquelle ces guerre coloniales n'étaient que des guerres injustes conduites par des soldats sans foi ni loi.

Ces soldats, on les oubliera à tel point que dans les manuels scolaires les combats qu'ils ont menés ne sont à peine évoqués. Pourtant, 100800 d'une part, 25000 d'autre part y ont laissé leur vie.

Alors, les guerres d'Indochine et d'Algérie restent à jamais de sales guerres?

A jamais ... Non! C'est ainsi que j'ai constaté lors de la présentation de notre exposition sur la guerre d'Indochine infiniment de respect pour la présentationqui en a été faite.

Entre autres, reliques de la bataille de Diên Biên Phû, il y avait enfermé dans une petite vitrine la photocopie de l'ordre écrit du commandant Bigeard au Lieutenant Allaire, intimant à celui-ci " cessez le feu à 17h30, ne tirez plus, pas de drapeau blanc!". Apparemment ces quelques mots griffonnésà la hâte avec un mauvais stylo à bille sur un morceau de papier atteignaient les visiteurs au plus profond d'eux-même. En s'approchant on pouvait entendre des mots comme : émouvant, courageux...

Concernant le sujet évoqué, la culture de l'opinion publique est faite à travers des films ou des reportages réalisés par des personnes qui n'étaient pas nés à l'époque de ces événements et dont les sources historisues sont parfois fortements polluées par le contexte politique. C'est pourquoi des associations comme les nôtres ont un rôle à jouer

Il n'y a pas de guerres propres. Il y a ceux qui meurent pour servir leur pays.

Jacques ROIGNOT