INFAMIE

le 5 novembre dernier, le secrétaire d'État aux Anciens Combattants, Jean-Marie Bockel, a déclaré :

« Concernant le 19 mars et d'autres commémorations, la circulaire Marleix, que je fais mienne, rend possible la présence de toutes les autorités, y compris militaires et de gendarmerie. C'est à l'appréciation du préfet, mais il est toujours possible de dialoguer avec lui. Certains élus locaux l'ont compris depuis longtemps ».

Comment peut-on en être encore là aujourd'hui ? depuis 2004, le 5 décembre a été reconnu comme date officielle pour commémorer les morts en Afrique du Nord. Est-il concevable qu'une décision prise par le précédent gouvernement, avec l'accord de la majorité des associations d'anciens combattants, soit remise en question par une minorité ? Cette date, inauguration du « mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie », a été préférée, par ce qu'il est aberrant de choisir celle des accords d'Évian, qui n'est ni la fin de la guerre d'Algérie, ni la fin des atrocités. Il y a eu plus de morts entre le 19 mars 1962 et le 4 juillet de la même année, un jour après l'indépendance, qu'il n'y en a eu durant la période 1954 à 1962.

Que s'est-il passé au lendemain du 19 mars 1962 ?

150 000 harkis ont été assassinés, parfois avec la présence passive des soldats français appliquant les directives du ministre des armées Pierre Messmer. Plus de 10 000 Français d'Algérie, les pieds-noirs, ont subi le même sort ou ont été portés disparus. Plusieurs milliers de musulmans civils profrançais ont été égorgés ou torturés.

Pourtant, l'article 2 des accords de cessez-le-feu du 19 mars 1962 déclare « les deux parties s'engagent à interdire tout recours aux actes de violences collectives et individuellse ».

Comment peut-on alors vouloir célébrer cette date ? Imagine-t-on que les "pieds-noirs", descendant du million de Français d'Algérie rapatriés de force, dont beaucoup ont perdu des êtres chers dans les assassinats, et pour qui la seule alternative était la valise ou le cercueil, acceptent - tout autant d'ailleurs que les milliers de harkis qui ont réussi à rejoindre la métropole en échappant à ces dramatiques exactions - de participer à ces cérémonies ?

Célébrer cette date, par les crimes qu'elle a autorisés, est, je le dis fermement, un acte d'infamie. Permettre aux préfets d'imposer aux militaires en activité de participer relève de l'inconscience.

Je vous donne rendez-vous le prochain 5 décembre, à 11 heures 30 au monument aux morts, square du 11 Novembre à Nîmes.